Fabrication du pain : L’Egypte envisage d’ajouter du maïs et du sorgho à la farine de blé
La fabrication du pain en Egypte pourrait connaitre une modification avec l’ajout de la farine de maïs et de sorgho
L’Égypte, l’un des plus grands importateurs de blé au monde, envisage une réduction importante de ses importations de blé en introduisant des alternatives moins coûteuses dans la fabrication du pain subventionné.
Selon l’agence Reuters, cinq sources proches du dossier ont révélé que le gouvernement égyptien prévoit d’ajouter du maïs ou du sorgho à la farine de blé.
Ce projet vise à réduire les dépenses liées à l’achat de blé et à alléger la pression sur l’économie du pays, tout en assurant la stabilité du programme de subventions alimentaires.
La récente proposition du gouvernement égyptien prévoit de mélanger la farine de blé avec de la farine de maïs dans un ratio de, un pour quatre à partir d’avril 2025. Selon deux sources du secteur de la boulangerie, cette mesure pourrait permettre à l’État d’économiser près d’un million de tonnes de blé. Les autorités estiment que cela pourrait faire économiser des millions de dollars, en particulier dans un contexte où le pays fait face à une augmentation de sa dette, une inflation élevée et une pénurie de devises étrangères.
Toutefois, cette idée suscite des réticences parmi les boulangers et les meuniers. Trois sources ont confirmé que le gouvernement avait annulé un projet antérieur visant à augmenter le taux d’extraction de la farine, suite à l’opposition des lobbys de l’industrie.
Les boulangers craignent que l’introduction du maïs dans la farine puisse affecter la qualité du pain en modifiant sa texture et son arôme, tout en impliquant des temps de cuisson plus longs, ce qui augmenterait les coûts de main-d’œuvre.
Si l’initiative se concrétise, elle pourrait également permettre de réduire les dépenses en devises étrangères. Deux sources ont souligné que l’utilisation du maïs cultivé localement, au lieu du blé importé, permettrait des économies substantielles.
Pour l’heure, l’Égypte dépend fortement du blé russe, dont le coût est d’environ 220 dollars la tonne, tandis que le maïs se situe à 200 dollars la tonne. Selon Hisham Suleiman, un opérateur basé au Caire, l’économie globale réalisée serait d’environ 35 à 41 dollars par tonne.
L’Égypte dépense environ 2,1 milliards de dollars chaque année pour ses importations de blé, une grande partie provenant de Russie. Selon le budget 2024-2025, le gouvernement doit disposer de 8,25 millions de tonnes de blé pour assurer la production de pain subventionné destiné à plus de 70 millions d’Égyptiens. Actuellement, l’État acquiert environ 3,5 millions de tonnes auprès des agriculteurs locaux et importe le reste.
Pour répondre à cette demande, le gouvernement a exploré différentes options, notamment des achats de blé à travers des prêts bancaires et des accords directs avec les fournisseurs. Il y a quelques jours, des sources ont rapporté que l’Égypte avait conclu un accord pour acheter du blé de la mer Noire, avec une estimation de 3,12 millions de tonnes à livrer entre novembre et avril.
Thom Biakpa