QUAND L’ALIMENTATION RENCONTRE LES INTERDITS CULTURELS EN COTE D’IVOIRE
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Chaque société est régie par des normes manifestes ou diffuses codifiant les pratiques alimentaires. Plusieurs produits carnés comestibles, font l’objet d’interdits alimentaires. Ce phénomène peut être observé en Afrique. Spécialement en Côte-d’Ivoire, le fait totémique est attesté chez les populations des principaux grands groupes ethniques du pays tels que les : Kru, Akan, Gur et Mande.
Plusieurs considérations sont à l’origine d’un interdit alimentaire. Et l’adoption de celui-ci correspond dans la plupart des cas à une attitude de reconnaissance envers un animal ou parfois une plante qui, d’après les mythes d’origine, aurait rendu un service appréciable à un ancêtre en difficulté, aux premiers temps de la vie du groupe. C’est fort de cette perspective, que ces interdits alimentaires participent de la base identitaire de beaucoup de peuples et de religions. Cette découverte vise à mettre en lumière le sens accordé à la retenue, aux interdits alimentaires et à la valeur symbolique de certains lieux, aliments et objets afférents à la cuisine des ivoiriens en général et celle de certains groupes ethniques en particulier.
I-CHEZ LE PEUPLE NYABWA
Les interdits alimentaires des Nyabwa sont aussi nombreux que variés. Un interdit frappe en général un groupe de descendance, c’est-à-dire ici un village ou un lignage. Cependant, il existe des interdits qui touchent une tribu entière ou une sous-tribu, suivant la même logique de parenté. Il arrive aussi que des interdits se retrouvent dans plusieurs villages appartenant à des tribus différentes, sans impliquer un quelconque lien de parenté entre eux.
• Les mammifères : ce sont les principaux interdits animaux. On compte en effet douze espèces prohibées, comprenant aussi bien des animaux sauvages que quelques animaux domestiques. La panthère (gi) vient en premier lieu. Viennent ensuite, par ordre, la gazelle, le buffle, le chimpanzé. Les cinquième et sixième interdits sont des animaux domestiques : le chien, puis le bouc ou la chèvre, le céphalophe noir à dos jaune, puis un singe, le cercopithèque pétauriste, le céphalophe bai à bande noire. Suit un autre animal domestique : le bœuf. Ce dernier interdit est aujourd’hui difficile à respecter pour des raisons évidentes (la viande de bœuf constitue la base de l’alimentation en ville, plus particulièrement dans les internats et les casernes). On a donc fait des sacrifices aux ancêtres pour que les jeunes du village concerné, qui sont appelés hors de la tribu, puissent manger du bœuf sans s’attirer des malédictions. Le onzième mammifère interdit est le phacochère, et enfin le céphalophe noir, observé par un seul lignage.
• Les poissons : un grand nombre de Nyabwa ont pour interdit l’une ou l’autre espèce. Parmi les poissons, le silure était l’interdit de tous les Bahon, en même temps que la gazelle. Mais le premier a été abandonné aujourd’hui par les Bahon, à l’exception de quelques vieux…
• Les oiseaux : le premier qui fait l’objet d’un interdit alimentaire est l’aigle. Il est interdit à la consommation dans deux villages relevant de deux tribus.
• Le reptile : un seul est au nombre des interdits des lignages nyabwa ; il s’agit du varan qui est l’interdit des 10 lignages des villages, dans la tribu Bliabo.
• Le mollusque : un seul village a pour interdit l’escargot noir, d’ailleurs associé au scorpion, qui n’est pourtant pas comestible. Ce sont les quatre lignages du village.
• Les insectes ne sont pas en reste. Le premier interdit est le grillon. L’interdit du grillon est observé aussi chez les gens de Nandigbeu. Dans ce dernier village, seule la population masculine est concernée par cet interdit.
• Les légumes secs : le pois de terre vient en tête des légumes secs interdits à la consommation. C’est donc un grand nombre d’individus qui ne consomment pas de ce légume, qui ne constitue d’ailleurs pas un aliment de base chez les Nyabwa.
• Les tubercules : le taro blanc est observé dans deux villages qui relèvent de deux tribus différentes. II s’agit, d’une grosse plaisanterie.
• La kola qui n’est pas un aliment à proprement parler existe comme interdit chez les Nyabwa, mais souvent comme interdit individuel. Pourtant, un village entier de la tribu Nyatcha ne mâche pas de la kola : il s’agit de Nyazegbeu.
Pour terminer cet inventaire exhaustif des interdits du pays nyabwa, nous signalons l’unique interdiction de toucher un objet. Il s’agit de l’interdit des 3 lignages, auxquels il est formellement interdit d’utiliser comme récipient le bol de terre cuite
II-CHEZ LE PEUPLE BAOULE
Chez le peuple baoulé il y’a des sous-groupes qui ne consomment pas les nouvelles ignames ils préfèrent attendre qu’elles vieillissent avant de les consommer au risque de subir les conséquences. Dans certains villages du même peuple, il existe une catégorie de personnes qui ne consomme pas le poisson silure considéré comme sacré.
III-CHEZ LE PEUPLE SOKHO
Le peuple Sokho est un peuple qui a pour totem le singe. La consommation du singe est strictement interdite car cet animal est sacré pour ce peuple et vit en conformité avec les habitants de ce village.
Aussi, les interdits se retrouvent dans les différentes religions tels que l’islam et le christianisme céleste qui interdisent la consommation de la viande de porc et de l’alcool.
En définitive, il faut noter que les interdits culturels qui pèsent sur l’alimentation en Côte d’Ivoire sont nombreux. Ainsi nombreux sont les peuples et les individus, qui en fonction de leurs appartenances religieuses s’abstiennent de consommer certaines variétés d’aliments.
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