Cultures vivrières en Afrique – Les Pertes Post-Recoltes, une réelle menace sur la sécurité alimentaire
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Crédit Photo : Aphlis
La sécurité alimentaire en Afrique passe nécessairement par le développement de son agriculture. Ce secteur en dépit de tous les efforts déployés par les gouvernements pour le rendre dynamique, reste confronté à un problème majeur: celui des Pertes Post-Recoltes (PPR) qu’il traîne depuis toujours comme un boulet.
Ces Pertes Post-Recoltes réduisent considérablement les productions et mettent à mal les performances des chaînes de valeur de la commercialisation des produits agricoles en général et particulièrement les produits vivriers qui sont très périssables.
En Afrique, ces PPR sont de l’ordre de 37% et représentent une perte de 48 milliards de dollars américains selon la FAO. Les conséquences sont davantage néfastes pour les petits exploitants qui peuvent perdre entre 40 et 60% de leurs productions en phase de post-recoltes. Ce qui les oblige à vendre à bàs prix pour réduire les pertes en l’absence de moyen de stockage efficace et accessible. La part des céréales dans ces pertes des produits agro-alimentaires, est estimée entre 10 et 20% soit environ 4 milliards de dollars US.
La Banque Mondiale évalue à 40 milliards de dollars us les gains que pourraient générer une réduction des PPR de 1%.
La Côte d’Ivoire se donne les moyens d’adresser la problématique
En Côte d’Ivoire, le secteur agricole emploie plus de 2.500.000 personnes, dont 90% constitué de femmes, et produit une valeur ajoutée estimée à 7.715. 000.000 fcfa, soit environ 15,7% du PIB selon les chiffres de 2023. Le secteur du vivrier constitue un secteur stratégique pour la Côte d’Ivoire et reste très dynamique pour un taux de croissance de 5,8% en 2023 et une valeur ajoutée évaluée à 2.015 milliards de fcfa. L’industrie agroalimentaire s’est accrue de 10%, et a enregistré une valeur ajoutée de 2.488 milliards de fcfa en 2023.
La chaîne de valeur du vivrier regorge d’énormes potentialités pour l’économie nationale en terme de création d’emplois et de revenu décent. Ces performances sont malheureusement contrariées par les PPR.
D’après les statistiques du gouvernement, la Côte d’Ivoire enregistre pour les principales productions alimentaires de base, des pertes importantes dues à ce phénomène. Il s’agit notamment de 30 à 40% pour la banane plantain, 10 à 20% pour le manioc, 30 à 40% pour l’igname, environ 30% pour le riz, 20% pour le maïs, 20 à 30% pour les légumes et 40% pour la mangue.
Pour adresser cette problématique, le gouvernement ivoirien à travers la société Ivoirienne de Technologie Tropicale (I2T) a contracté un partenariat avec un consortium d’investisseurs canadiens représenté par la société québécoise O5 Technologie. Ce consortium avec à sa tête Jonathan Pinette Grégoire, a pour mission de mettre en place une solution intelligente et durable pour réduire ces pertes post-recoltes en Côte d’Ivoire.
La signature de la convention entre les deux entités s’est déroulée, mercredi 20 mars 2024 à Abidjan en présence du ministre du commerce et de l’industrie, Dr Souleymane Diarrassouba.
Ce projet à en croire l’entreprise canadienne, vise l’implantation de plusieurs plateformes logistiques intelligentes d’envergure, multi-produits, multi- températures à environnement contrôlé et à circuit semi-fermé basées sur une énergie renouvelable, installées dans des zones de productions en fonction des grappes et des pôles économiques identifiés avec l’Etat de Côte d’Ivoire..
Il s’appuiera sur un modèle de financement en partenariat public-privé pour favoriser l’implication de l’Etat de Côte d’Ivoire, l’implication des acteurs privés en Côte d’Ivoire, l’attraction d’investissements nationaux et l’investissement direct étranger, dans une société par action structurée autour d’un modèle de valorisation actionnariale par phase. Il permettra de prendre en compte les priorités des visions internationales de développement économique et social, notamment les Objectifs de Développement Durable ( ODD) des Nations Unies et l’agenda 2063 de l’Union Africaine », a-t-elle présenté.
Le coût total de l’initiative est de 240 millions de dollars canadiens. L’étude de faisabilité est prévue sur la période du 1er Mai au 3 Septembre 2024. Elle devrait déboucher à terme, à la mise en oeuvre de la phase 1 du projet dans la période du 15 janvier au 15 octobre 2025. Ce sont plus de 1000 emplois directs et plus de 25000 emplois indirects qu’il devrait créer pour cette phase 1.
Thom Biakpa
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