Côte d’Ivoire/ Après le SARA 2023
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Cap sur une agriculture résiliente et l’autosuffisance en ressources animales et halieutiques
Vitrine la plus prestigieuse du savoir-faire agricole, de l’élevage et de la pêche en Côte d’Ivoire, le Salon de l’Agriculture et des Ressources Animales d’Abidjan (SARA), pour l’édition 2023, s’est déroulé du 29 septembre au 8 octobre dernier au Parc des Expositions d’Abidjan-Port-Bouet. Le thème retenu pour cette 6e édition, était » L’Agriculture africaine face aux défis des chocs internes et externes : quelles innovations structurelles pour améliorer les secteurs agricoles et garantir la souveraineté alimentaire ? ».
L’événement pendant dix jours, a mobilisé à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, plus de 400.000 visiteurs qui ont eu la possibilité de parcourir 862 exposants dans divers domaines. Il a également reçu la visite des ministres de plusieurs pays.amis de la Côte d’Ivoire, dont la Hollande, pays à l’honneur du SARA 2023.
Cet important rendez-vous du monde agricole et animal, s’est déroulée dans un contexte marqué par les bouleversements mondiaux engendrés par la pandémie de la COVID-19, le conflit russo-ukrainien, le changement climatique et les défis sécuritaires en Afrique de l’Ouest. Ces défis qui ont profondément affecté les systèmes d’approvisionnement et de distribution agricole, ont révélé la fragilité des systèmes agricoles et la vulnérabilité de nombreux ménages africains.
Face à de tels défis, il est évident que l’Afrique doit renforcer sa proactivité, capitaliser sur ses ressources, et trouver des moyens d’atténuer les chocs qui affectent le secteur agricole. Cette édition du SARA avait pour objectif pour le gouvernement ivoirien, de mettre en avant l’agriculture post-crise, les mécanismes de résilience et d’adapter sa vision à l’agriculture du futur.
De nombreux experts et acteurs ont collaboré pour adresser la thématique de cette année, offrant des solutions innovantes et durables pour la renaissance agricole du continent. L’accent a également été mis sur la jeunesse, les encourageant à embrasser davantage le secteur agricole en cette année 2023 qui leur est spécialement dédiée.
Les experts du monde agricole et des ressources animales et halieutiques ont à travers la richesse et la pertinence de leurs contributions lors des différentes activités qui ont meublé ce Salon, permis aux participants d’apprendre énormément sur les nouvelles réalités de ce domaine. Ils ont en effet, su mettre en exergue, et ce de façon pragmatique et opérationnelle, les changements bénéfiques pour l’Agriculture africaine, afin de la rendre plus durable et souveraine. Ces contributions ont pris différentes formes, telles que la conférence de haut niveau sur le thème « Les grandes politiques agricoles face aux chocs mondiaux : défis et succès » ; l’organisation d’un Hackathon, qui a montré comment les jeunes Ivoiriens pouvaient utiliser les possibilités technologiques du numérique pour accompagner le secteur agricole à relever ses défis ; la tenue de divers ateliers et rencontres visant la création de partenariats et de relations d’affaires ; l’exposition de technologies et de solutions adaptées au secteur agricole ; la « journée jeunesse » qui a permis de promouvoir le savoir-faire des jeunes, les opportunités qui leur sont offertes dans le secteur agricole, ainsi que les outils existants pour favoriser l’émergence de leurs activités.
Au terme de toutes ces activités, l’honneur est revenu au ministre des ressources animales et halieutiques, Sidi Tiémoko Touré, d’exposer la synthèse des conclusions et les principales recommandations issues des débats fructueux qui ont eu lieu.
Au titre des productions végétales
Le.ministre Sidi Tiémoko Touré au nom des trois ministères concernés que le ministère de l’agriculture et du développement rural, ainsi que celui des eaux et forêts, a indiqué que le Programme National d’Investissement Agricole de deuxième génération (PNIA 2), en cours depuis 2018 et s’étendant jusqu’en 2025, a joué un rôle crucial dans la résilience de l’agriculture ivoirienne face aux chocs récents. Ainsi des mesures et initiatives ont été prises pour accroître les productions, améliorer la sécurité foncière, relever le niveau de transformation des produits agricoles, renforcer le revenu des différents acteurs, promouvoir la structuration des organisations professionnelles agricoles afin de garantir la compétitivité et la durabilité de l’agriculture, assurer la sécurité alimentaire des populations, tout en créant des richesses équitablement partagées.
Aussi, pour assurer une transformation structurelle de l’agriculture ivoirienne, et sa résilience à tout choc extérieur, l’accent sera mis à court et à moyen termes sur l’accélération de la transformation au niveau local des produits agricoles, le développement de mécanismes innovants de financement et la prise en compte de l’environnement dans le développement des activités agricoles.
Cela impliquera également l’expansion du nombre d’agro-poles opérationnels, passant de 2 à 5 d’ici fin 2025.
Au titre des ressources animales et halieutiques
Les GAP de production et les difficultés à couvrir les besoins nationaux à partir de la production locale, engendre des importations massives de produits animaux et halieutiques. Afin de permettre à la Côte d’Ivoire de se rapprocher de son objectif de souveraineté alimentaire avec une couverture de plus de 65 % des besoins de consommation des populations en produits animaux et halieutiques en 2026 contre 26,7% en 2019, le gouvernement devra nécessairement réaliser des investissements subséquents. Ces investissements peuvent concerner principalement : la mise en place d’unités de production aquacoles (alevins et poissons marchands) .
La production aquacole nationale est évaluée à environ 5.000 tonnes, l’objectif de production affiché est de 150 000 tonnes à l’horizon 2026, soit 225 milliards de FCFA de chiffre d’affaires, soit 343, 44 millions d’euros.
L’atteinte de cet objectif est assujettie à la fourniture et la satisfaction des besoins en intrants. Plus précisément les besoins alevins s’élèvent à 600 000 000 soit un chiffre d’affaires en investissement de 120 milliards de FCFA, soit 183,17 millions d’euros,.les besoins en aliments : 2 250 000 tonnes, soit un chiffre d’affaires de 240, 82 milliards de FCFA, soit 367, 58 millions d’euros.
La mise en place d’unités de production de produits d’élevage de ruminants à travers des Partenariats Publics Privés sur les ranches et stations
L’objectif de production de viande affiché à l’horizon 2026 est de 42219 tonnes de viande bovine 25 000 tonnes de viande ovine, 25 000 tonnes de viande de porcs et 68 000 tonnes de lait correspondant à un chiffre d’affaires cumulé de 268, 21 milliards de FCFA, soit 409,39 millions d’euros.
La transformation et la distribution sont des secteurs d’opportunité notamment, la mise en place d’unités de production de volailles (poussins d’un jour et œufs). L’objectif de production est de 130 000 tonnes de viandes et 132 050 tonnes d’œufs contre respectivement une production de 75 444 tonnes pour la viande et 66 495 tonnes pour les œufs en 2021, représentant un chiffre d’affaires cumulé de 549, 49 milliards de FCFA, soit 838, 72 millions d’euros.
Cet objectif est assujetti à la satisfaction des besoins suivants : besoin de poussins : 94 022 393 poussins cumulés (chaires et pondeuses) représentant un chiffre d’affaires global estimé 47, 73 milliards de FCFA, soit 72, 85 millions d’euros ; besoin d’aliments : 511 100 tonnes soit environ 235, 89 milliards de FCFA de chiffre d’affaires, soit 360, 05 millions d’euros ; besoin en médicaments et produits vétérinaires représentant un chiffre d’affaires cumulé de 37, 61 milliards de FCFA, soit 57, 41 millions d’euros ; la mise en place d’unités agro-industrielles comprenant un volet formation, production laitière et un volet traitement et transformation.
Au titre du secteur des eaux, des forêts et de l’environnement
Le gouvernement est résolu à sauvegarder les forêts et à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Pour ce faire, des réformes importantes seront engagées, notamment l’actualisation du code de l’environnement et du code de l’eau, ainsi que l’application du code forestier. Il renforcera également la protection des massifs forestiers existants et mobilisera des ressources nécessaires à la réhabilitation des forêts et des terres dégradées, afin d’atteindre un taux de couverture forestière d’au moins 20% du territoire national comme indiqué par le Président Alassane OUATTARA.
Le gouvernement selon le ministre Sidi Tiémoko Touré, prévoit un renforcement de la sensibilisation de la population, le renforcement de la participation des communautés locales à la gestion des ressources naturelles, l’accélération de la mobilisation des ressources financières auprès des partenaires au développement, notamment les fonds climatiques et environnementaux ; ainsi que le développement local d’instruments financiers verts, tels que les green bonds, les crédits carbones.
Au titre des autres secteurs impactant le développement agricole
Le développement des secteurs étant conditionné par une bonne synergie avec certains secteurs d’activités clés, les trois ministères concernés se sont engagés à renforcer leur collaboration avec le Ministère chargé des mines et de l’énergie, afin de contribuer à la réduction des impacts négatifs de l’orpaillage clandestin, faciliter l’accès aux énergies, notamment renouvelables afin de permettre aux populations rurales de valoriser leurs productions agricoles; le Ministère chargé des infrastructures économiques pour améliorer la densité et la qualité des infrastructures routières pour améliorer l’écoulement des produits agricoles vers les marchés, le Ministère chargé du numérique pour le développement de solutions d’alerte précoce et de surveillance des ressources naturelles, le déploiement d’infrastructures permettant aux agriculteurs de profiter de toute la puissance des outils numériques pour réduire la fracture numérique et favoriser un développement inclusif.
L’atteinte de sed objectifs exige une forte implication de la société civile, des collectivités territoriales, de la communauté scientifique et du secteur privé. A cet effet, les espaces de dialogues inclusifs seront renforcés pour permettre une co-construction des initiatives de développement durable. Au niveau international, la Côte d’Ivoire souhaite renforcer la coopération sud-sud et développer des partenariats stratégiques visant le renforcement des capacités, et le transfert de technologies.
Le gouvernement a réaffirmé sa volonté d’engager et de maintenir le dialogue ouvert avec tous les partenaires sur les sujets cruciaux liés au développement agricole, la sécurité alimentaire et la protection des ressources naturelles et de l’environnement.
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