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Sénégal : Les producteurs de pommes de terre de Kayar face à une crise de commercialisation de leurs produits

À Kayar, les producteurs de pomme de terre s’inquiètent de la mévente de leurs productions/ RFI

Au Sénégal, la situation des producteurs de pommes de terre de Kayar, une localité située dans le nord-ouest du pays, est préoccupante. Malgré une récolte impressionnante de plus de 21 000 tonnes de pommes de terre lors de la dernière campagne, ces agriculteurs se heurtent à des difficultés majeures pour écouler leur production.


Moussa Thioune, un producteur local, exprime son désespoir en constatant que ses efforts n’ont pas porté leurs fruits. Après avoir investi plus de six tonnes de semences pour obtenir plus de 50 tonnes de pommes de terre, il se retrouve avec des stocks invendus, deux mois après la récolte. « J’ai utilisé plus de six tonnes de semences et produit plus de 50 tonnes de pommes de terre. J’ai récolté il y a deux mois, mais jusqu’à présent, je n’ai pas réussi à vendre un seul tubercule », se lamente-t-il. Les pommes de terre, laissées à l’abandon dans son champ, sont recouvertes d’herbes sèches, une protection temporaire contre le soleil et les voleurs.

Les raisons de cette impasse sont multiples. D’une part, la concurrence des multinationales, qui pratiquent une production intensive, a saturé le marché. D’autre part, les producteurs dénoncent une politique gouvernementale qu’ils jugent peu anticipatrice. Bien que l’État ait mis en place des mesures incitatives pour la campagne agricole 2024-2025, telles que des semences subventionnées et des engrais à prix réduits, ces initiatives semblent mal coordonnées. Mohamed Bachir Niang, membre de l’Association des producteurs maraîchers de Kayar, souligne que, malgré un certain engouement, la surproduction n’a pas été anticipée par les autorités. « Les années passées, on vendait au bout de 10 à 15 jours, un mois tout au plus. Mais cette année, cela fait plus de deux mois que ça dure », déclare-t-il.


La situation pourrait devenir encore plus critique dans les mois à venir. Les producteurs, qui manquent de structures de conservation adéquates, ne peuvent pas stocker leurs récoltes indéfiniment. Ils placent désormais leurs derniers espoirs dans la fête de la Tabaski, une période de forte consommation qui pourrait leur permettre d’écouler leurs stocks avant qu’ils ne se détériorent complètement.


En attendant, Moussa Thioune et ses collègues continuent de prier pour qu’un acheteur se manifeste. Le prix du kilo de pommes de terre est actuellement de 140 FCFA sur le marché, alors que le coût de production s’élève à 200 FCFA. Face à cette situation, les producteurs se retrouvent dans une impasse, espérant des solutions durables pour améliorer la commercialisation de leur production et subvenir aux besoins de leurs familles.

Thom Biakpa

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